dimanche 29 novembre 2009

Ma Playlist #4

Parcours thématique autour du Post-Punk et de la Coldwave pour cette nouvelle playlist. Une première partie qui pose les bases et une seconde qui induit la question suivante : l'étiquette Post-Punk pèse-t-elle sur certains groupes d'aujourd'hui comme une force salutaire ou un héritage encombrant?

Enjoy !

B.


1. David Bowie, Weeping Wall, album Low



2. Television, Torn Curtain, album Marquee Moon



3. Talking Heads, Thank You for Sending Me An Angel, album More Songs About Building and Food



4. Joy Division, Love Will Tear Us Appart, Non-album singles



5. The Cure, Cold, album Pornography



6. Dead Can Dance, The Carnaval is Over, album Into The Labyrinth



7. The Smashing Pumpkins, Tear, album Ava Adore



8. Placebo, The Crawl, album Without You I'm Nothing



9.
Editors, Papillon, album In This Light and On This Evening



10. Interpol, Power To The Falls, album Our Love To Admire



L’art des apparences



Humbug by Arctic Monkeys
En sortant ce troisième album, les Arctic Monkeys ne viennent pas seulement d’offrir à leur public leur meilleur album, mais ils viennent de signer leur passeport pour la longévité.
De toute façon les choses ne pouvaient s’annoncer dans la continuité. L’expérience du side project d’Alex Turner – The Last Shadow Puppets – transformée rapidement en objet hype très sixties (et pour cause les arrangements de cordes plus que classieux !) semble avoir donner de nouvelles ambitions au groupe. En témoigne à la production Josh Homme (Queens Of The Stone Age et déjà présent sur le précédent) qui durcît la brit rock sautillante – mais non moins efficace – de nos valeureux gosses de Sheffield. Sans oublier James Ford, le sorcier du son des Klaxons et de… Last Shadow Puppets.
Ce qui frappe ici et avant de rentrer dans le détail par le menu, c’est le son : lourd, puissant, soupirant, prenant et d’une grande précision selon les effets désirés par les chansons. La musique et les ambiances diffèrent allégrement entre l’ouverture très ledzeppelinienne de My Propeller et le beau Secret Door très influencé par le Burt Bacharach des grands jours. On l’aura compris, cette double casquette à la réalisation est une clé primordiale pour entrer dans un album moins brut qu’il n’y paraît, rempli d’une fausse évidence salutaire
Whatever People Say I Am, That's What I'm Not s’affirmait il y a quatre ans déjà comme le formidable antidote à la folie insipide de Franz Ferdinand (d’ailleurs qu’en reste t-il aujourd’hui?) avec ses formidables mélodies à l’emporte pièce. Tandis que Favourite Worst Nightmare confirmait tous les espoirs qu’on avait placés en eux sans compter l’incandescence scénique. Toutefois et avec le recul, ce deuxième album aurait pu enfermer les Arctic Monkeys dans un style pop-rock de qualité mais manquant d’un je ne sais quoi pour transcender le tout : il apparaissait ici et là quelques signes de faiblesses dans les mélodies heureusement sauvées par le talent précoce d’Alex Turner. Sa spécificité ? L’écriture.
Turner se fait le spécialiste de chroniques à la petite semaine d’une Angleterre prolétarienne qu’il défend bec et ongles et met en image par l’originalité de son accent So British. Un constat social doux amer, cynique et désespéré émerge de ces chansons qui dépassent ainsi le simple impact mélodique du départ. De ce point de vue, Humbug ne change pas la donne puisque l’on y parle toujours du quotidien, versant réaliste mais non sans un dénuement plus intime et mature (l’incontournable Secret Door).
Humbug qui s’affirme littéralement en escroquerie puisque là où on ne l’attend pas déboule ses dix plages d’un seul trait : plus fort et plus vite tel semble être le slogan à la première écoute. Pourtant dès la deuxième on ne voit pas les choses de la même manière devant la matière hybride de l’ensemble entre fougue d’hier (ah ces guitares très sixties !) et d’aujourd’hui (la jeunesse tout simplement !).
Reprenons depuis le début où presque : après l’intro puissante décrite plus haut, Crying Lightning joue sur les brisures rythmiques avec un leitmotiv de guitare en slide chorus repris en chœur, que poursuit Dangerous Animals en riffs pour le moins martiaux. La parenthèse Secret Door arrive à point nommé, mais rien ne sert de décrire l’indescriptible (écoutez tout simplement et fermez les yeux). Potion Approaching plus proche des débuts tresse néanmoins un tissu de voix fantômatiques en arrière-plan tout à fait intéressant, confirmé par le contrasté et très expérimental (dans sa structure) Fire & The Thud. Cornerstone s’invente en ballade acoustique où Turner laisse partir sa voix dans des médiums apaisants. Dance Little Liar regarde par l’arrière quand Pretty Visitors propose une synthèse des influences marquées depuis le début, orgue vintage de rigueur et guitare tout en puissance à l’unisson.
La fermeture The Jeweller's Hands laisse les musiciens s’exprimer en chœur dans un refrain entêtant qui donne une seule envie une fois la chanson terminée : appuyer sur le bouton Play sachant qu’il faudra recommencer l’opération au bout de quarante petites minutes. Aux dernières nouvelles le groupe continue son périple sur les planches d’une tournée déjà annoncée en succès. Avant que notre cher Alex Turner retrouve son compère Miles Kane pour donner suite aux chimères pop orchestrales de nos marionnettes adorées.

Benjamin Léon

Ecoutez l'album Humbug sur Deezer
Page MySpace du groupe

dimanche 22 novembre 2009

Ma Playlist #3

Cette semaine au programme : un peu de tout pour tout le monde !

A.

1. Bat For Lashes, Horse And I, album Fur And Gold



2. PJ Harvey and John Parish, Black Hearted Love, album A Woman A Man Walked By



3. Naive New Beaters, Live Good, album Wallace



4. Kasabian, Underdog, album West Ryder Pauper Lunatic Asylum



5. Birdy Nam Nam, Love Your Enemy (Kill Your Friend), album Manual For Successful Rioting



6. RJD2, Smoke & Mirrors, album Dead Ringer



7. Fleet Foxes, Your Protector, album Fleet Foxes



8. Devendra Banhart, It's A Sight To Behold, album Rejoicing In The Hands



9. TV On The Radio, Ambulance, album Desperate Youth, Blood Thirsty Babes



10. Patrick Watson, The Storm, album Close To Paradise


samedi 21 novembre 2009

Testament discographique


Pacific Ocean Blue by Dennis Wilson

Je me rappelle marchant le long d’Ocean Beach au nord de San Diego avec l’envie de prendre le large et de partir dans ces vagues qui en appellent à l’inconnu. Ce sont ces mêmes vagues qu’a cherché durant toute sa (courte) vie Dennis Wilson, le batteur des Beach Boys. Profitant d’un soir d’ébriété, ces dernières lui ont tendues les mains, lesquelles ne sont jamais revenues à la terre. Destin tragique pour celui qui avait signé en 1977 ce fameux Pacific Ocean Blue, album prémonitoire des événements à venir selon bien des aspects.

La pochette déjà : un visage tendu au regard mélancolique, barbu et l’air hirsute Dennis Wilson évoque plus l’image d’un hippie sur le retour que le physique athlétique du passé. Seul véritable surfer du groupe il s’est vite éloigné de l’image lisse associée à ses frères en s’accordant des escapades fréquentes avec les drogues. Remarquez, son frère Brian, génie mélodique des Beach Boys, en connaissait un rayon côté expériences cosmiques bourrées d’hallucinogènes !


Cet album j’en ai longtemps entendu parler sans jamais pourvoir l’approcher. Un fantôme introuvable qui revenait pourtant sans cesse dans les écrits directement liés à l’intéressé. Pacific Ocean Blue, beau titre énigmatique et élégant est une virée introspective chez celui qui n’avait jamais réussi à s’imposer vocalement dans la fratrie. Dennis dont le jeu de batterie limité était remplacé en studio, entrainât aussi son histoire par la porte du scandale pour avoir longuement fréquenté Charles Manson et ses sbires démoniaques.
Thoughts of You au milieu du disque résume bien l’étrange projet introspectif du monsieur : une voix susurrée, tout en brisure se parle comme à elle-même sur une variation au piano, puis les voix se mélangent jusqu’à crier « Look what we’ve done » de manière déchirante. Les qualités mélodiques sont là mais c’est plutôt la démarche intimiste qui séduit.
On est donc loin, vous l’aurez compris du style Beach Boys et c’est d’abord pour ça que l’album surprend. Dans le soin apporté aux arrangements et la qualité des textes très personnels sur la difficulté d’aimer et les amitiés perdues. Le côté intimiste de l’ensemble donne au projet de Dennis son côté bariolé dans une production minimaliste longuement travaillée à la maison. Et les chansons dans tout ça ? Que retenir ?

Il y a l’ouverture bien sur et ce River Song débuté en chœur façon poème lyrique. Très vite la voix cabossée du chanteur fait merveille : assurée sans artifices, elle semble se chercher et ne joue jamais sur l’esbroufe de la maitrise. What’s Wrong travaille d’avantage les acquis harmoniques des Beach Boys, en proposant toutefois un blues décalé et Moonshine s’élève dans un rythme lent structuré sur des accords de piano à l’épanchement manifeste. Friday Night propose une longue intro piano/guitare slide où la voix de Dennis assène du fond de la gorge avec la hargne contenue qui est la sienne : « Oh, oh it’s friday night, the white punks play tonight » rappelant l’époque où est sorti ce disque. Autre moment magique tout en équilibre et en retenue mélodique, ce fameux Time à la trompette en sourdine. You and I est plus anecdotique, mais Pacific Ocean Blue s’affirme comme une invitation à la fête avec son rythme chaloupé. Rainbows poursuit l’aventure avec banjo et chœur de rigueur. Une fête qui s’arrête avec End Of The Show, étrange moment à l’écho transperçant. La musique de Dennis s’apparente plus à un blues instable aux envolées parfois plus lumineuses mais jamais acquises comme une certitude. Only With You, s’achève telle une prière païenne sur une invitation à l’amour. Deux instrumentaux concluent ce disque étrange dont il m’a fallu plusieurs écoutes avant d’en éprouver la richesse des arrangements. Une richesse liée à la sensibilité singulière d’un artiste précieux car trop rare.

Un an plus tard il tentait de revenir en solo, encouragé par les critiques élogieuses dont il avait bénéficiées. Mais les fameuses Caribou Sessions et le projet Bambu ne virent jamais le jour de son vivant auquel rend justice cette magnifique réédition sortie l’année dernière chez Legacy. La suite est moins glorieuse pour Dennis dont l’enfoncement dans la drogue et l’alcool fut un terrain d’autodestruction irréversible. Reste ce Pacific Ocean Blue en guise de testament discographique, intense et brulant comme l’écume des vagues qui tente à chaque apparition de vous prendre dans un aller sans retour.

Benjamin Léon





Un nouveau clip pour les Vampire Weekend


Le 12 janvier 2010 sortira Contra, le très attendu deuxième album des quatre New Yorkais de Vampire Weekend. Ils nous avaient déjà fait patienter avec un premier extrait, Horchata, et une date au Nouveau Casino. Les voilà qui rempilent avec le titre Cousins, accompagné de sa vidéo réalisée par Hammer & Tongs.

Site officiel de Vampire Weekend
MySpace de Vampire Weekend


lundi 16 novembre 2009

Florence + The Machine



Révélé début 2009 grâce au programme de la radio anglaise BBC Introducing, Florence + The Machine, emmené par Florence Welch, a su s'imposer dans le paysage musical en peu de temps. Lauréate d'un Brit Award remporté en février dernier et après des passages remarqués au Leeds et au Reading Festivals en Angleterre, la joyeuse bande sortait aujourd'hui en France leur premier album : Lungs.
Et pour l'occasion je vous propose de découvrir le clip de Dog Days Are Over, premier morceau de l'opus. Un titre absolument charmant porté par une harpe délicate et la voix puissante de cette jeune Anglaise de 22 ans.

Site officiel de Florence + The Machine
MySpace de Florence + The Machine

A.

Two Door Cinema Club : un groupe qui assure


C'est l'histoire de trois Irlandais, signés sur le label hype et parisien Kitsune, qui profite de l'annulation de l'Anglaise La Roux pour la remplacer lors du festival des Inrocks. À l'affiche avec Passion Pit, Lissy Trullie et Florence & The Machine, le spectacle devait être de toute beauté à la Cigale le week end dernier.

Et là vous vous demandez peut-être, pourquoi nous parle-t-elle de ce concert si elle n'y était pas. Eh bien tout simplement parce que c'est grâce à l'annonce de ce show que j'ai pu découvrir Two Door Cinema Club.

Alex, Kev et Sam, trois mecs qui assurent et sortent le 23 novembre prochain I Can Talk, premier single de leur premier album, Tourist History, annoncé pour le 22 février 2010 en Europe.

D'ici là, rien de tel que de se régaler avec le très phoenixien Something Good Can Work et le clip d'I Can Talk, réalisé par Megaforce. Sous ce pseudo se cache un collectif de quatre Français qui forcent l'admiration, quand on sait qu'ils ont réalisé le génial clip de A Thing For Me de Metronomy et qu'ils ont travaillé avec les Naive New Beaters ou encore Late of The Pier.


A.


MySpace de Two Door Cinema Club

MySpace de Megaforce



dimanche 15 novembre 2009

My Playlist # 2

Pour cette deuxième playlist vous remarquerez la diversité des genres abordés qui peuvent surprendre. J'aurai pu adopter une playlist thématique au lieu d'un patchwork, lequel s'avère plus fidèle à mes aspirations du moment.
Enjoy...

B.

1- Jack Peñate, Be The One



2- The Jackson Five, That's How Love is



3- Pulp, Disco 2000



4- Hot Chip & Peter Gabriel, Cape Cod Kwassa Kwassa



5- The Stone Roses, Made of Stone



6- The Faces, Stay With Me (live 1972)



7- Spoon, The Underdog



8- Stevie Wonder, All In Love Is Fair



9- Nic Armstrong, Broken Mouth Blues



10- Jay Z and Alicia Keys, Empire State of Mind

samedi 14 novembre 2009

Inquiétante étrangeté


Thin Air by Peter Hammill


Il vient de sortir son 31° album dans l’indifférence générale. Mais peu importe au fond : la reconnaissance critique est acquise depuis fort longtemps. Peter Hammill ou la survie dans la musique…
L’album s’ouvre sur The Mercy, première plage d’un disque encore une fois insaisissable. Le connaisseur reconnaît d’emblée les suites harmoniques tout en enchainement improbable, gage d’instabilité. Quelques descentes de guitare acoustique accompagnées d’une boucle de synthé suffisent à l’ambiance étrange du lieu. Une étrangeté rattrapée par cette voix fantomatique, expression des angoisses les plus profondes. Pour le néophyte l’effet risque d’en décontenancer plus d’un. Hammill ne cesse d’utiliser sa voix comme un instrument pouvant passer des graves les plus déchirants aux aigus les plus stridents et ce dans la même mesure. Mais au-delà de la prouesse il y a cette constante fragilité : entre maitrise et rupture elle ne cesse de surprendre. Mais un chant qui peut s’avérer effroyable par moment. John Lydon des Sex Pistols n’a-t-il pas dit de Hammill qu’il était par ses rugissement et sa hargne typiquement anglaise le précurseur du mouvement Punk ?
Tout cela est loin… et en même tant très actuel. Combien de songwriters peuvent aujourd’hui faire montre d’originalité dans leur chant tout en gardant une cohérence de propos ? Bien peu, à part peut-être ce neurasthénique de Thom Yorke, certainement le chant le plus sincère qu’il nous ait été donné d’entendre ces dernières années.
Après le lyrisme tout en retenue de la première plage, Your Face on The Street s’affirme par la dissonance et une approche moins immédiate. Le piano plaque quelques accords, une guitare en brisure et un gros travail sur la résonnance des chœurs forment l’armature de cette chanson caractéristique de la Hammill’s Touch : une ligne mélodique qui se brise par les ruptures de tons et autres modulations délicates. Est-ce du free ? Du jazz ? Une pop malade et arythmique ? Difficile à classifier et de toute façon rien ne sert à étiqueter un artiste aussi singulier. Ce serait lui apporter l’opprobre et passer à côté de l’essentiel : le mystère. Stumbled erre en terrain plus convenu sur une rythmique qui en rappelle tant d’autres. Les inflexions vocales sont par contre très marquées depuis l’album Clutch par le travail d’un Bowie à moins que ce ne soit l’inverse ? Wrong Way Round, s’ouvre par une caisse claire régulière et un riff de guitare en boucle et saturation, intermède qui mène à Ghost Of Planes sans doute la pièce la plus étrange de l’album. Hammill ne chante plus vraiment, mais déclame une ambiance, une parole qu’on sent malade, très malade. Le malaise s’installe : insidieux et pénétrant. L’auditeur ne ressortira pas indemne de ce voyage introspectif.

Je suis néanmoins plus sensible aux accents très british de If We Must Part Like This qui joue sur les différents niveaux de voix jusqu’à l’incompréhensible. Hammill souffre et nous souffrons avec lui. Là est peut-être la limite de ce disque naviguant de manière ostentatoire avec les émotions les plus sombres. Mais Undone au format plus classique séduit par sa très belle mélodie piano/voix. Diminished s’étire inutilement sur la longueur mais The Top of The World Cup conclu de la plus belle manière qui soit. Un piano, une voix et ses aigus démultipliés : profond et unique comme de la glace qui se brise par surprise. Hammill n’est jamais meilleur que quand il travaille ses arrangements jusqu’à l’épure. C’est la nudité accomplie. Certes Thin Air ne changera pas grand chose dans la discographie déjà riche du monsieur, les chefs d’œuvres étant derrière lui. Mais dieu que ce parcours est beau et triste, comme la vie.

Benjamin Léon

vendredi 13 novembre 2009

Retour en grâce




Après une longue absence scénique, l’ex guitariste de Genesis était de retour ce samedi à Paris pour un show exceptionnel.


Perplexité, attente, excitation : tels sont les sentiments qui me reviennent à l’esprit samedi dernier en attendant l’ouverture des portes de l’Alhambra. Perplexité, d’abord : je n’ai pas écouté le dernier album du maitre et comment dirais-je…un album de Steve Hackett peut s’avérer une surprise diversement appréciée voir déconcertante. C’est un peu le propre des guitaristes en solo : ils peuvent naviguer sur la même galette entre le très bon et le nettement moins bon (vous avez dit exercice de virtuosité stérile ?). Je n’ai donc pas entendu la moindre note d’Out of The Tunnel’s Month successeur du non moins excellent Wild Orchids sorti il y a trois ans déjà.


L’attente est longue puisque la rue Yves Toudic qui mène à la salle se transforme en une interminable file indienne et pour cause : l’ouverture des portes annoncées à 18h30 n’aura pas lieu avant 19h00. Quant à l’excitation, elle est bien compréhensible : le dernier concert de Steve Hackett en France remonte à il y a près de 20 ans.


Premier constat : la salle est de taille humaine (environ 1000 personnes) ce qui est un point réellement positif dans ce genre de circonstances. Quant à la foule compacte et empressée elle semble retenir son souffle avant les premières notes de guitare…lesquelles ne vont pas tarder. Il est un peu plus de 20h00 quand le groupe fait son entrée et il faut bien admettre que le set démarre très fort (trop fort le son ?) avec un Mechanical Bride puissant, tranchant et crimsonien en diable.


Il n’y a pas de doute, he’s back !!! Le son d’abord : précis et ample, l’acoustique du lieu supporte sans problème le côté un peu poussif de l’ensemble. Le groupe ensuite : le fidèle Roger King aux claviers, l’homme de l’ombre indispensable et précieux. Le très convulsif Gary O’Toole à la batterie, plus free jazz tu meurs, Rob Townshend aux saxophones et flûtes (excellent), Amanda Lehmann (guitare rythmique et chœurs sur certains titres). Enfin la grosse claque de la soirée avec l’incroyable Nick Beggs à la basse et au chapman stick. L’accoutrement surprenant du bonhomme fait son petit effet (robe en cuir noir, casque sur les oreilles et nattes blondes de rigueur, très cartoonesque le monsieur) mais ce n’est rien à côté de son jeu : implacable, technique mais toute en délicatesse et émotion palpable. C’est proprement hallucinant ! Et Steve, of course… l’inventeur du tapping à la dextérité légendaire fait des merveilles. On notera un mixage de la guitare très en avant, ce qui est finalement assez compréhensible.


Mais revenons sur le déroulement du show : Fire On The Moon calme quelque peu l’intensité sonore mais non moins l’émotion d’un morceau à la construction assez classique et aux accents mélancoliques (Steve et Kim, it’s over). Les chœurs sont beaux (et Steve n’a jamais brillé par son chant !) quant au solo de guitare, il rappelle les grandes heures du style Hackettien : un son puissant et fluide, aérien et très mélodique. S’ensuit un Every Day particulièrement pugnace et efficace qui n’est pas de tout repos pour la main gauche de notre guitariste. L’ovation du public est bien présente et Steve semble quelque peu ému. Emerald and Ash poursuit la découverte du nouvel album : à une première partie très douce et mélodieuse succède une rupture abrupte et groovy qui voient les talents de Nick Beggs s’épanouir en direct. Ghost in the Glass assure l’intermède guitaristique de rigueur puis arrive une des pièces maitresses du show, l’incroyable Ace of Wands. Les arrangements sont revues pour la scène et la deuxième partie voit un affrontement jouissif entre le clavier (son très moog) et le saxophone. Une claque qui fait le lien avec le non moins impressionnant The Steppes et son gros son de batterie métronomique. Hackett torture sa guitare, les sons semblent en appeler à un univers qui lui est propre : mystérieux, tortueux mais qui s’avère au fond très émouvant. Slogan issu du même Defector que le précédent morceau, permet aux musiciens d’investir une rythmique puissamment jazz rock aux improvisations très techniques. Quand au délicat, Serpentine Song (chœur à l’unisson et envolée de saxophone) il émeut par sa mélodie d’une grande beauté harmonique. On change de registre dans un show qui bat son plein avec Tubehead qui impose Hackett comme un maitre du Shred dont Satriani n’aurait rien à redire.


Entracte d’un petit quart d’heure avant le retour des musiciens : l’ambiance est très bonne, le public assez survolté par une setlist jusqu’à présent irréprochable. Hackett est plutôt communicatif, s’excusant à maintes reprises pour son français approximatif. Enfin, notons que contrairement à beaucoup de guitaristes, Hackett joue sur la même guitare durant tout le concert l’obligeant à se réaccorder régulièrement au niveau des amplis à la fin de chaque morceau. Pour les connaisseurs, il s’agit d’une Fernandes black, luthier japonais connu pour s’adapter aux besoins de leur client (j’ose à peine en imaginer le prix !). Mais surtout un Hackett décontracté, chaleureux qui laisse parler sa guitare laquelle reprend ses droits sur le genesien Firth of Fifth. Rien à redire si ce n’est le chant très rageur du batteur qui tranche radicalement avec la fausse candeur de l’original. Petit intermède acoustique (à la guitare nylon) avec le très subtil Walking Away from Rainbows, l’incontournable Horizons et le classique Blood on The Rooftops toujours avec Gary au chant. On continue avec le revival Genesis et Fly On a Windshield : étrange et sombre, la guitare prend des accents de cristal fragile.


La fin du show approche, mais avant le rappel Steve Hackett offre au public un bon blues bien gras qui s’achève sur un Los Endos de rigueur. Les musiciens disparaissent quelques temps avant de terminer sur Clocks et un break de batterie proprement hallucinant. Je m’arrêterai là, les mots ne sont pas assez forts pour décrire la qualité de ce concert. La set list parle d’elle-même et quant à notre guitariste on espère le revoir assez rapidement en France !


Benjamin Léon


Plus d'infos sur Steve Hackett en cliquant sur ce lien officiel


samedi 7 novembre 2009

Ma Playlist #1

Chaque semaine et à tour de rôle, mon acolyte et moi-même allons tenter de vous faire partager nos morceaux favoris du moment. Et pour la première playlist du blog, c'est moi qui m'y colle !
Enjoy ...

A.


1 - The XX, Intro



2 - Arctic Monkeys, Secret Door




3 - Wax Tailor, Dragon Chasers (with Charlotte Savary)



4 - Hot Chip, Crap Kraft Dinner



5 - Fredo Viola, The Sad Song



6 - The Yeah Yeah Yeahs, Runaway



7 - Fever Ray, When I Grow Up



8 - School Of Seven Bells, Iamundernodisguise



9 - The Walkmen, On the Water



10 - The Cinematic Orchestra ft. Patrick Watson, To Build a Home

vendredi 6 novembre 2009

Soirée intimiste à La Maroquinerie



Live Report du 2 novembre 2009


La semaine dernière, assise devant mon ordinateur, je flânais, tranquille, sur le web quand me voilà atterrie sur le site de la Blogothèque. Autant en profiter pour faire un aparté, car cette association vaut vraiment le détour. Le plus souvent connu pour ses Concerts à Emporter, avec des groupes tels que Beirut, Fleet Foxes, Bon Iver ou encore Patrick Watson, l’association ne s’arrête pas là. En effet, elle publie un blog, qui apporte chaque jour son lot d’informations, carrément intéressantes, que ce soit des actus, des vidéos de leurs événements ou encore des interviews. Et en plus ils organisent des concours ! Merci la Blogothèque.
C’est donc comme ça que je me suis retrouvée dans cette jolie salle de La Maroquinerie en ce lundi soir d’automne.

Trois groupes jouaient ce soir là : The Two, The Sleeping Years et Be My Weapon. Trois nationalités et trois nouveautés pour moi. Tant mieux, je suis d’humeur à la découverte !
Le public s’installe petit à petit sur les marches autour de la fosse. Ça discute, ça boit de la bière et ça rigole. Puis, la lumière s’éteint petit à petit, laissant apparaître sur scène les deux frenchies de The Two. Elle à la voix, lui à la guitare et au chant, en anglais s’il vous plaît ! Un duo sympathique, mais rien de très innovant.


S’en viennent ensuite les quatre Anglais des Sleeping Years. Le niveau monte.
Mené par le chanteur/guitariste Dale Grundle, les Sleeping Years ont effectué un show techniquement parfait, auquel l’émotion ne manquait pas. Lumière tamisée et silence totale dans la salle, tout le monde se laisse porter par la splendide voix de Dale Grundle. Les Anglais ont joué la totalité de leur premier opus, ainsi que leurs deux nouvelles compositions, Into The Light et Katherine Cove. Un grand moment d’intensité.

Le temps de mettre en place la scène et les Be My Weapon commencent leur set tout en discrétion, avec une invasion de son bizarroïdes. Le silence se fait petit à petit, tandis que le batteur rejoint le bassiste et le guitariste, tous deux le visage caché sous leurs casquettes. Les titres s’enchaînent, avec plus ou moins de fluidité.
Et là c’est un peu la déception. Autant à écouter sur leur Myspace, les morceaux étaient plutôt agréables, autant en live, le groupe est loin de prendre son envol … Plusieurs larsens ont parsemé la prestation des trois Américains, tandis que le chanteur-guitariste se trompait dans ses accords. Seule la puissance de jeu du batteur sauvait la mise, arrivant à animer un peu le public.

Adeline


Frénésie Soul


Best of the Wand Years by Maxine Brown

Les époques sont ainsi faites et il est malheureusement impossible d’écouter de la bonne soul de nos jours. Certes les voix puissantes et chaleureuses ne manquent pas mais elles ratent souvent leur cible. À qui la faute ?

Si les débuts du rap ont su être redevables de leurs ainés en samplant de manière souvent innovante les Stevie Wonder et autres Marvin Gaye on n’en dira pas autant de ces pâles ersatz de soul men qui massacrent régulièrement le genre à coup de rythmiques souvent ringardes : c’est la déferlante r’n’b qui nous cassent les oreilles depuis tant d’années (à ne pas confondre avec le vrai r’n’b, le rhythm’n’blues originel).

Certes il y a bien quelques artistes qui surnagent au-dessus de la moyenne : Mary J Blige et autres Amy Winehouse mais tout cela représente bien peu. Pensons un instant à la richesse de ce genre et à la profusion d’artistes que nous avons tant aimés ?

C’était les années 60 et leur fausse insouciance…

C’était les années 60 et leurs combats politiques pour la reconnaissance des droits civiques de la communauté noire…

C’était la grande époque de la Motown et de Stax, ces deux grandes maisons aux styles opposés mais bien déterminées à se faire accepter d’un public blanc finalement désireux de nouveaux sons.

C’était… une autre époque.

La soul dont je parle, Maxine Brown l’a incarnée. À sa façon : une carrière chaotique mais néanmoins admirable. Elle représente à mon sens la vraie soul. Celle qui vient des tripes, celle qui vous arrache à vos sièges et vous enivre de sensations. Une soul qui vous transporte dans une danse diabolique jusqu’à en perdre la raison.

Cette grande dame a donc enregistrée chez Wand (maison de disque spécialiste du style Northem Soul) durant les années 60 une soul infernale et endiablée qui ne peut laisser indifférent l’amateur du genre. Ce genre de disque a aussi son revers : il rend gravement dépendant celui qui croise le timbre de Mrs Brown et toute tentative d’inaccoutumance demeure impossible. Dès le premier titre, One in a million, la rythmique entêtante séduit par ses ruptures de tons, ses cuivres motwniens en diable sur lesquels prend place la voix impériale de notre déesse soul. Une voix partagée entre Tina Turner pour les inflexions vers le grave et Aretha Franklin pour la puissance. Mais surtout un sens du rythme tonitruant que poursuit logiquement It’s Torture et le plus laconique Let me Give You My Lovin’. Yesterday’s Kisses et Wonder What My Baby’s Doing invitent à la danse charleston puis arrive le temps de Oh No, Not My Baby, seul gros tube de sa carrière et reprise magnifique d’une chanson de Carole King.

Après un enchaînement de ballades plus classieuses les unes que les autres (You’re in Love, Am I falling in Love), les choses sérieuses reprennent : le rythme, le dialogue chœur/lead vocals sur Little Girl Lost ou One Step at a Time et la voix rageuse sur l’entêtant Baby Cakes achèvent l’admiration pour cette panthère noire au cœur délicieusement soul. Vous l’aurez compris, Maxine Brown est l’une des grandes oubliées du genre. Cette compilation nous donne l’opportunité d’aller réécouter ses enregistrements qui restent d’une modernité éclatante. Et s’il ne devait en rester qu’une ? Peut-être ce fameux Misty Morning Eyes à la mélancolie non feinte et espiègle. Chapeau bas Mrs Brown !