vendredi 30 octobre 2009

Que reste t-il de Placebo aujourd’hui ?


Placebo

Live report, Zénith, 27 octobre 2009

Le retour du groupe de Brian Molko fait figure de mini événement. 13 ans après les débuts, la machine Placebo est-elle toujours d’actualité ? Décryptage et analyse.

A la question que beaucoup se sont posés ces dernières années : est-ce que Placebo existe encore aujourd’hui ? La réponse est oui, indéniablement pour ceux qui ont assisté au brillant (quoique inégal) concert de leur dernière escale parisienne..

L’attente était grande tant la dernière tournée m’avait laissé perplexe. J’avais quitté Placebo au sortir d’un show poussif et désincarné dont Bercy a le secret. La fête semblait donner ses derniers signes de fatigue : un Molko chauve et d’une rare arrogance qui semblait alors peu concerné par sa musique. Le trio n’était plus ce groupe post-punk dont l’énergie m’avait subjugué dix ans auparavant. Quant aux musiciens additionnels ils donnaient l’impression de sauver le groupe dans sa propre autodestruction scénique. Un comble !

La suite tout le monde la connaît : Steve Hewitt quitte le navire en octobre 2007 au sortir d’une tournée des clubs américains réellement éprouvante. Puis plus rien ou presque : jusqu’à l’annonce l’an passé de Steve Forrest comme nouveau batteur. On peut trouver incongrue la présence de ce jeune garçon dont la blondeur peroxydée à la sauce californienne détonne dans l’univers esthétique sombre et tortueux de Placebo.

C’est pourtant grâce à lui et la puissance de son jeu (à défaut de finesse) que le groupe retrouve cette grandeur que l’on n’attendait plus. Si l’album Battle for the Sun sorti en juin m’a laissé un sentiment partagé naviguant péniblement entre fulgurance mélodique et redondance bien stériles, il montre pourtant l’envie d’en découdre et reprendre là où les choses ont commencé : sur scène. Verdict imminent.

Un show revisité…

On passera sur Expatriate, première partie assurée par ce groupe australien qui suit assidûment les traces de Simple Minds et autres Depeche Mode mais dont l’écriture musicale tourne court. Pas grave : la foule, compacte et fébrile attend le groupe (Molko seul ?) avec impatience. Vers 21h00, le large rideau blanc qui cache le décor, prend la forme d’un soleil brulant se consumant par la magie de la projection tout en écoutant le groupe arpentant une ligne mélodique à l’unisson.

Puis le rideau lâche : le concert est lancé par l’insupportable single For What it ‘s Worth expédié comme il se doit en trois minutes. Débarrassé d’une de leurs plus mauvaises chansons, les choses sérieuses peuvent enfin commencer. Le groupe enchaine avec un Aschtray Heart efficace mais surtout avec Battle For The Sun, morceau éponyme du dernier album et véritable scie musicale dont la montée dramatique trouve toute son ampleur en live. On notera à propos la nouvelle configuration du trio qui, depuis quelques années déjà, s’est adjoint les services de brillants accompagnateurs : William Lloyd aux guitares, Nick Gavrilovich aux claviers. Enfin, Fiona Brice première recrue féminine et violoniste de talents enrichissent d’une manière nouvelle les compositions du groupe

…mais gâché par un son déplorable

C’est certainement là le point le plus original de Placebo aujourd’hui : savoir se renouveler. Brian Molko l’a bien compris : c’est sur scène que les choses se jouent. Le groupe prend donc des risques en repensant sa formule musicale naguère efficace à trois. Je ne reconnais pas Soulmates dans ses nouveaux habits pas plus que Because I want You joué avec une belle fougue. On passera sur l’indispensable Speak in Tongues ou Breathe Underwater d’un dernier album qui a du mal à passer l’épreuve de la scène. Qu’à cela ne tienne, un très émouvant Follow Cops Back Home et un trépidant Every You Every Me aux accents punks évidents relèvent agréablement le niveau…musical et sonore.

Et c’est bien là que le bât blesse. A quelque mètres du groupe, dans une fosse compacte mais étonnamment douce (le public aurait-il vieilli en même temps que le groupe ?) le son n’est vraiment pas au niveau. Trop de basse transforme progressivement les belles promesses de ce (nouveau ?) groupe en une bouillasse sonore très vite lassante et surtout frustrante. Seul la voix de Molko, impeccable de miaulements rugissants sort du lot. C’est bien le minimum, mais on regrette de ne pouvoir profiter pleinement des claviers et des différentes parties de guitares allant parfois jusqu’à trois en même temps. Cet écueil est particulièrement criant sur le pourtant si beau Special Needs ou le merveilleux Twenty Years (revisité version cabaret acoustique pour l’occasion). Le très mélancolique Devil in The détails (sans doute le morceau le plus marquant du petit dernier), l’efficace Special K et l’imparable Song to Say Goodbye achève un concert qui reste de bonne facture à défaut d’être inoubliable.

J’en oublie le visuel. En contrepoint de la musique il tisse un univers qui leur est propre : un système de captation vidéo retransmet en direct par écrans interposés les musiciens tout en les intégrant à des univers clipesques différents selon les chansons. Une chose reste immuable : l’absence de communication de Molko avec son public laissant le show s’épanouir à travers la malice de Stefen Olsdasl (ses déhanchés sont toujours aussi bienvenus) et la jeunesse insolente de Steve Forrest visiblement content de son nouveau statut.

A l’heure des bilans

Pour conclure je dirais que ce que Placebo gagne en maturité musicale il le perd en spontanéité. C’est sans doute les rançons d’une formule qui ne pouvait continuer à trois et qui a choisi l’option de l’élargissement. Je continue pourtant a penser que l’existence de ce groupe n’est du qu’à Molko tant son identité reste attachée à son charisme. Il reste son laboratoire musical et l’exutoire à ses tourments même si les textes ont perdu eux aussi en sincérité.

Quelques déceptions pourtant : pas de Without you I’m Nothing ni de I Know qui confirme l’impasse sur les deux premiers albums de loin les meilleurs. Enfin l’absence de Slave to the Wage m’a un peu déçu mais le groupe a rallongé la sauce en offrant à son public presque deux heures de musique non stop ce qui fait de loin le plus long des sets de ce groupe auquel j’assistais pour la sixième fois.

Une chose est sur : Placebo reste en 2009 le dernier avatar de cette Brit Pop qui avait donné tant d’espoir au renouveau de la scène musicale de la fin des années 90. À l’heure où Oasis vient de se séparer et où Radiohead se fait de plus en plus discret il semble bien que Placebo n’a jamais été aussi seul. C’est peut-être la raison pour laquelle ils y croient encore. Et le regard de Molko n’a jamais semblé aussi triste et résigné dans la dramaturgie de son spectacle que ce soir là. Preuve que les choses changent mais dans la continuité.

Benjamin Léon


Pour plus d'infos sur Placebo: www.placeboworld .co.uk

Vampire Weekend au Nouveau Casino

Live report du 22 octobre 2009

Vers 23h, les premiers arrivés aux portes du Nouveau Casino ont eu la chance de voir les Vampire Weekend débarqués, très décontractés, à bord de leur voiture aux vitres fumées.
Après plus d'une heure d'attente, le public s'engouffre dans la salle. Très vite, les premiers rangs sont pris d'assaut et la foule se réchauffe aux sons des Beastie Boys.
00h40 : les quatre New-Yorkais, au look de gentils garçons, font leur entrée sous les applaudissement du public parisien. Ezra Koenig s'essaye à quelques mots de français, accueillis chaleureusement par le public. Le show commence avec deux nouvelles chansons de Contra leur très attendu nouvel album. Puis ils attaquent les tubes de leur premier opus, à commencer par Cape Code Kwassa Kwassa. S'ensuivra A-Punk, Oxford Coma, Mansard Roof ou encore One, entrecoupés de quelques nouveaux morceaux, nous permettant ainsi de découvrir la version live d'Horchata. Un set bien rôdé où rien ne dépasse et c'est peut-être là le seul défaut que l'on pourrait leur reprocher.
Que les fans se rassurent, le nouvel opus se profile comme étant dans la lignée du précédent avec cependant une rythmique plus soutenue et quelques innovations à la voix. On attend avec impatience les versions studio. Après 55 minutes d'intense bonheur et un rappel haut en couleur, Ezra Koenig et ses acolytes quittent la scène, laissant un public conquis.

Contra, deuxième album studio de Vampire Weekend sortira en France en janvier 2010.
En attendant, le premier single, Horchata, est en libre téléchargement sur le site officiel du groupe.


Adeline