samedi 2 janvier 2010

Le Top 10 2009 de B.

En ce deuxième jour de l'an 2010, l'heure est donc aux bilans, avec du retard certes mais non sans une certaine impatience à vous communiquer mon top 10 de l'année écoulée. Certains choix tiennent de l'évidence puisque présents chez pas mal de nos confrères blogueurs (encore que certains blogs donnent l'impression que l'année musicale a débuté juste à l'automne dernier !) d'autres sont plus surprenants, moins attendus mais non moins pertinents.

Il est toujours difficile de faire des listes, le choix n'est pas simple tant il fait suite à d'interminables compromis, ajouts et autres suppressions. Bref vous l'aurez compris cette liste hautement subjective n'a pas été simple, sans doute est-elle réductrice en oubliant ici et là certains. Elle demeure avant tout l'expression profonde d'un certain rapport à l'émotion artistique ressentie écoute après écoute. Et puis il est parfois nécessaire de faire des choix et d'établir des critères de valeurs si nous voulons échapper au sacro-saint relativisme.

10 - Alicia Keys, The Element of Freedom

Quatrième album pour la reine du r'n'b américain: pas le meilleur mais recélant certaines pépites (Love is My Disease, Empire state building of Mind, Love is Blind) et d'autres plus dispensables comme le single Doesn't Mean Anything. Alicia a passée moins de temps en studio. En résulte certaines répétitions dans les arrangements mais une spontanéité qu'elle semblait avoir perdue qui font d'Element of Freedom une bonne surprise dans la mélasse d'un genre qui semble incapable de se renouveler. De plus la voix d'Alicia fait des miracles en osant l'approche des graves tout aussi soyeux que ses vocalises plus classiques.

S'il ne devait en rester qu'une:
Wait to See me Smile

9 - Jeremy Jay, Slow Dance

Auteur-compositeur américain mais dandy inclassable et so british que Bowie ne renierait certainement pas. Sur ce deuxième album Jeremy Jay laissent poser sa voix maniérée, les arrangements sont moins acoustiques que sur le précédent (le non moins excellent
A Place Where We Could Go) avec quelques nappes de synthés rappelant nos chères années eighties. Sur les dix pistes de l'album le chanteur nous invite à une danse minimaliste faites de personnages désabusés racontant leur spleen un rien Baudelairien.

S'il ne devait en rester qu'une:
Canter Canter


8 - Bill Callahan, Sometimes I Wish We Were An Eagle

Il poursuit sa route tel un "lonesome cow-boy", en étant là où on ne l'attend(ait) plus. Restant pourtant fidèle au précédent Woke on a Whaleheart, l'américain persiste et signe dans l'alternative country, le lo-fi où tout ce qu'on voudra y mette comme étiquette échappant à tout le monde sauf à lui-même. L'héritage des traditions musicales américaines restent importants mais Bill s'en départi avec grâce, mystère qui sied définitivement bien au personnage envoutant qu'il sait être quand sa voix se pose et caresse ses textes nostalgiques.

S'il ne devait en rester qu'une:
Faith/Void

7 - Mark Knopfler, Get Lucky

Une bonne surprise que le dernier cru de l'ex guitariste de Dire Straits. Après le décevant
Kill to Get Crimson sorti il y a déjà deux ans, Knopfler reprend dès l'ouverture les influences irlandaises qu'il affectionne tant (Border Reiver) et nous propose un voyage éclectique au coeur des musique américaines: classique (Hard Shoulder), blues (You can't Beat The House), mélancolie folk (Before Gas, The Car Was The One), et ballade ultime et intoporelle (So Far From The Clyde). La voix s'est affinée avec l'âge, plus américaine que jamais, un cristal rauque dont l'émotion affleure entre chaque respiration.

S'il ne devait en rester qu'une:
So Far From The Clyde

6- Patrick Watson, Wooden Arms

Plus âpre et difficile d'accès que le précédent le dernier Patrick Watson est pourtant une indéniable réussite passée inaperçue chez la plupart des critiques preuve que l'originalité n'est pas l'apanage des plus nombreux. Les cordes impressionnent par la subtilité des arrangements (Hommage, Tracy's Waters), la voix de Watson à la fois douce et sur le fil murmure des mélodies uniques (Beijing) parfois accompagnée comme sur le très beau Big Bird In A Small Cage. Inclassable mais essentiel.

S'il ne devait en rester qu'une:
Man Like You

5 - Antony and The Johnsons, The crying light

Premier grand disque de 2009, Antony s'est fait plus discret par la suite bien que sur la route encore aujourd'hui pour présenter ce très beau The crying light, successeur difficile voir impossible d'I'm a Bird Now chez d'oeuvre ultime et indépassable. L'album épouse moins l'évidence mélodique et la puissance émotionnelle du précédent mais n'en demeure pas moins impressionnant. Après avoir convoqué toutes sorte d'amis invités sur I'm a Bird Now, Antony (toujours avec ses Johnsons) se livre plus intime, seul et sans compromis. La voix, le piano et les cordes comme arme émotionnelle. Les points forts: Another World, Her Eyes are Underneath The Ground, Daylight and the Sun, Everglade.

S'il ne devait en rester qu'une:
Daylight and the Sun

4- Arctic Monkeys, Humbug

Assurément le disque rock de l'année, amplement chroniqué ici-même et number one sur ma platine. Que dire de plus : à l'heure où beaucoup de groupes s'écrasent lamentablement devant le toujours difficile troisième album, les Arctic Monkeys semblent viser toujours plus haut, sur de leurs moyens (merci Josh Homme pour la prod) et d'une fougue évidente qui fait plaisir à voir. De My Propeller en ouverture à The Jeweller's Hands dernière plage de l'album, le chemin s'annonce rapide mais hautement précieux.

S'il ne devait en rester qu'une:
Secret Door

3- Phoenix, Wolfgang Amadeus Phoenix

Quatrième album et coup de maitre ! Une véritable machine à danser, que ce
Wolfgang Amadeus Phoenix : une production immaculée, un savoureux équilibre entre tempos lents (atmosphériques dirons certains) et beats ouvertement funky. Ces français ont la classe, ils le savent mais c'est pour une fois totalement justifié. L'Amérique ne s'y est pas trompée et semble enfin prête à leur ouvrir les portes d'un succès qui se veut résolument planétaire.

S'il ne devait en rester qu'une:
Love Like a Sunset

2- The XX, XX

Révélation de cette fin d'année 2009, le groupe a reçu un excellent accueil critique qui m'a d'abord laissé sceptique devant la méfiance engendrée par trop d'œcuménisme. Il n'en est rien et il faut bien admettre que les membres du groupe savent parfaitement brouiller les pistes devant un disque qui fait figure d'ovni. Abordant un look punk de rockeurs garage, leur musique en est pourtant fort éloignée: sensualité des guitares, beauté d'une boite à rythme, voix d'outre tombe mais fulgurances sexy ici et là, beats minimalistes. Il faut du temps pour rentrer dans ces compositions mais écoute après écoute le charme opère. Affaire à suivre de très près !
Justifier
S'il ne devait en rester qu'une:
Fantasy

1- Bob Dylan,
Together Through Life

33° album du maitre, Dylan déboule de nulle part et balance cette perle en avril dernier sans aucune promo, enchainant les concerts et les incompréhensions (aucune chanson interprétée en live du dernier album) d'un public pourtant conquis. Accueil critique positif et album fascinant à plus d'un titre (production vintage, voix éraillée qui semble en appeler à la maladie, ambiance funèbre et mystérieuse) Dylan n'en finit pas de réécrire son mythe, sans doute surpris d'être encore là et de faire l'actualité musicale en 2009. Accents tex-mex et direction musicale d'un Mike Campbell (Tom Petty and The Heartbreakers) en grande forme. Un album qui s'impose en réussite majeure avec un outre la classe qui n'appartient qu'aux grands.

S'il ne devait en rester qu'une: Forgetful Heart


Benjamin Léon

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