lundi 21 décembre 2009

Paul McCartney à Bercy : un show œcuménique mais c’était McCartney quand même !


« Good Evening Paris », Live Report du 10/12/09 à Paris Bercy

Un Bercy plein à craquer et un McCartney en grande forme font-il un bon concert ? Oui sans aucun doute même si…

Il aurait été préférable d’entendre certaines perles que l’ex Fab Four ne dédaigne plus chanter depuis bien des lustres (vous avec dit Ram ?). Mais reprenons depuis le début et ce bien avant le jour J. McCartney et moi c’est une vieille histoire de passion et de rébellion contre un artiste que j’admire profondément mais dont le propos musical n’est hélas pas toujours à la hauteur.

Après les Beatles et sans son acolyte Lennon l’alchimie ne fut pas toujours au rendez-vous mais au risque de faire acte d’exégèse, les Beatles c’est avant tout McCartney. Ses qualités de compositeurs (ce sens de l’évidence mélodique n’est pas donné à tout le monde), sa voix tantôt douce – Yesterday – et agressive – Helter Skelter – et son jeu simple mais terriblement efficace de bassiste en font un monument musical à part entière.

On ne va pas revenir ici sur l’éternel débat Beatles vs Rolling Stones (bien que je me sente plus proche de ces derniers) tant leur musique n’a finalement rien à voir mais sans Beatles point de Rolling Stones et point de Pop music au sens où le genre s’est développé depuis lors. Et puis de toutes les carrières solo post-Beatles, il faut bien avouer que seul McCartney s’en est sorti honorablement (après le choc Beatles difficile de faire mieux !) et son groupe Wings, bien qu’inégal, nous a quand même gratifié de quelques albums inoubliables (Wild Life, Band on The Run).

Quand un ami m’a dit que McCartney passait à Bercy en décembre, j’ai malgré tout été saisi par l’opportunité de voir sur scène l’auteur-compositeur qui a accompagné toute mon enfance. Un monument encore vivant : il faut bien avouer que le spectacle de la nostalgie marche terriblement bien sur moi. Encore une question de rapport au mythe, mais que voulez-vous on ne se refait pas, en avoir conscience c’est déjà ça comme dirai Souchon ! Une fois les places achetées au prix prohibitif de rigueur mais en avance sur la masse (l’art de faire marcher ses réseaux !) puis un Bercy complet en une petite heure il ne reste plus qu’à patienter jusqu’au jour J. Je passerai sur les détails insignifiants de toute vie individuelle et quotidienne pour arriver aux heures qui précèdent le show. Et puis il est grand temps de parler musique n’est-ce pas ?

Rendez-vous avec Ben sur le parvis de Bercy vers 18h00 et déjà une foule compacte s’amasse devant les portes du palais omnisport. Je dois dire que ma surprise est de taille lorsque qu’apparaît à moi cette file indienne de plusieurs centaines de mètres destinée à la fosse. Nous prenons place. De la Cinémathèque aux portes de la fosse, quelques heures à attendre dans le froid ! Heureusement, dans la bonne humeur des discussions entre inconnus qui accompagnent ce rituel implacable mais terriblement excitant de l’attente before the show.

Après la fouille de rigueur, nous avançons en courant, cherchant la meilleure place dans ce parterre déjà compact. Un peu en deçà des espérances d’un impossible rapprochement de scène, nous restons en milieu de salle mais en position centrale. Un point positif pour profiter pleinement du spectacle !

Un diaporama plutôt bien foutu (il faut bien avouer que la mise en scène vidéo fut souvent des plus grotesques par la suite) sur les colonnes vidéo latérales de la scène, précède le show accompagné en musique par un Silly Love Songs (qui chauffe la foule) et un hommage déguisé au roi de la pop Say Say Say. Il est 21h00 et le show va pouvoir démarrer. On ne perd pas de temps et on rentre directement dans le répertoire avec un Magical Mystery Tour sautillant enchainé rapidement par un Drive My Car très sixties et respectueux des arrangements d’origines. Je vais revenir sur la clique qui l’accompagne sur scène mais continuons brièvement sur ce début de set list.

Bon allez, après deux Beatles, Sir Paul rentre en plein dans les Wings avec Jet, classique mais efficace (c’est un peu le reproche général, trop efficace et prévisible ?). Communicatif, le chanteur s’adresse à une foule en délire d’un « Bonsoir Paris en France ! Ca va, bonsoir mon petit chou ». Un public composé aussi bien de petits gamins adolescents que du troisième âge. Et oui comme tous les vieux du rock, McCartney est devenu une institution à part entière. Only Mama Knows et Flaming Pie (le dernier bon album qui remonte à 1997 si mes souvenirs sont bons) s’enchainent rapidement. Got To Get You Into My Life de l’album Revolver est la première bonne surprise de la soirée. Let Me Roll It semble un brin poussif dans son interprétation mais la voix de McCartney après un début de chauffe retrouve toute sa justesse, sa chaleur et sa précision. On passera par contre sur les fonds d’écrans censés promouvoir le jeu vidéo The Beatles Rock Band : quitte à faire des images essayons d’être inventif, mais n’est pas Peter Gabriel qui veut en ce qui concerne la mise en scène.

The Long and Winding Road accorde tout le monde sur l’émotion dégagée par une belle interprétation de Paul au piano. My Love extrait de l’album de Wings Red Rose Symphony, s’érige en parangon de la ballade pop parfaite. Un Blackbird et un Here Today (avec images de John) seule à la guitare acoustique confirme l’excellence du musicien qu’il est. On continue le set acoustique avec un Dance Tonight au banjo, sympathique sans plus. And I Love Her (avec chœur à l’unisson) reste un moment fort pour moi. Peut-être l’une des plus belles ballades des Beatles première manière.

Bon et les musiciens ? La troupe classique depuis le grand retour de McCartney sur les scènes du monde entier en 2001 (Back in the U.S.). Le duo guitare, Rusty Anderson (excellent à la Lead) Brian Ray (polyvalent avec un brin de classe frimeuse mais justifié) fonctionne impeccablement. Paul «Wix» Wickens aux claviers (laborieux, on passera sur les sons de synthés ringards et les effets de cuivres à deux balles) et Abel Laboriel Jr, aux drums (efficace et puissant à défaut d’être subtil mais bon le son Beatles s’en accommode fort bien).

On enchaine avec Mrs Vandebilt (très joueur), la suite Michelle (joué pour l’occasion, France oblige) Eleanor Rigby remplit bien son rôle nostalgique mais non moins magique. On passera sur l’insipide ballade (I Want to) Come Home extraite du prochain film de Robert de Niro histoire de ne pas faire de peine, mais on rigolera bien de cette mise en image (sous forme de bande annonce clipesque) qui accompagne la chanson.

Après ce moment désagréable Band On The Run remet les pendules à l’heure devant l’efficacité de l’interprétation d’une chanson qui passe bien l’épreuve du temps. Ob-La-Di, Ob-La-Da (était-ce vraiment nécessaire ?) et surtout Back In The U.S.S.R. rassure sur l’insolente santé du monsieur et le respect de l’interprétation. Car il faut bien avouer que quitte à visiter un musée autant retrouver l’émotion d’un sentiment original. Un Something revisité tout en acoustique immortalise ce concert avec la classe des grands que personne aujourd’hui ne peut vraiment atteindre. I’ve Got a Feeling fait plaisir à entendre tandis que Give Peace a Chance s’adresse à l’amitié autant qu’au souvenir de John.

La fin du show approche quand les premières notes de Let It Be (juste honnête) s’annoncent au piano, suivi par un grandiloquent (feux d’artifices et effets pyrotechniques) Live and Let Die. Hey Jude conclu le spectacle avant les rappels. La voix de McCartney s’offre pleinement, tout en puissance et brisures sur la coda d’une chanson qui demeure intemporelle.

Rappel 1 : Day Tripper, Lady Madonna (fougueux) et Get Back s’inscrivent en classique et le plaisir d’y être encore.

Rappel 2 : Yesterday (rien à redire), Helter Skelter (démentiel, et dire que cet homme à 67 ans !), Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band (reprise) et The End terminent la chose avec classe.

Un concert émouvant, énergique, une set-list bien équilibrée entre Beatles et Solo mais peu de prises de risques. On aurait aimé entendre du Ram, du first Album ou même un peu de Tug Of War. Mais il semble honnête d’avoir effectué un concert dont la durée portée à 2h40 est déjà un exploit en soi. McCartney entretient son propre mythe certes, de manière un peu trop évidente mais avec un plaisir et une énergie non feinte. Le rassemblement prend parfois des airs de moments nostalgiques un peu convenu. Mais en ces temps difficiles il demeure un fabuleux antidote à notre vie quotidienne terne et dépourvu d’idéaux. C’est déjà ça…



Benjamin Léon

10 commentaires:

  1. Merci pour ce compte-rendu sympathique dans l'ensemble, mais pas mal de fautes de frappe, surtout dans les titres des chansons, et d'ailleurs pour certaines, on a pas dû aller au même concert...Ticket To Ride?

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  2. Oui pour Ticket to Ride qui n'y était pas, par contre les fautes de frappes j'ai fait les corrections il me semble...

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  3. Got to get YOU into my life
    EleAnor Rigby
    (I Want To) Come Home et non pas Everybody's fire
    Pas de "The Birdy Song", Sgt Pepper's c'est la reprise (mais bon là je dois avouer que je pousse un peu quand même, c'est comme ça les fans, très pointilleux ;-))
    De manière générale il y a comme un problème avec setlist fm là.
    Mais sinon, ça change de lire le point de vue de qqun d'objectif, vous ne deviez pas être nombreux dans Bercy :D

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  4. Bon je dois dire que ces fautes sont... impardonnables ! Elles seront changées de suite :)
    Merci pour votre sens de la précision (et c'est bien normal)

    Bonne soirée

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  5. Oh mon dieu... Mis à part l'hommage que je rends, sincère, à la qualité de ton écriture, et à ton enthousiasme, je suis un peu perplexe... Quand tu dis, en insistant, que les Beatles, c'est "avant tout" Mc Cartney, ça me déprime. Les Beatles, c'est d'abord les 4 ensemble, mais s'il faut en distinguer, c'est Mc Cartney ET John Lennon autant l'un que l'autre, largement, voir même Lennon avant, mais ce dernier point se discute, je te l'accorde. Mais ce n'est pas, quoi qu'il en soit, Mc Cartney avant tout.
    Ses qualités de bassiste... Comme tu dis, elles sont excellentes, mais simples. Nombreux sont les bassistes bien meilleurs que Mc Cartney, qui, comme tu le dis, est plus mélodiste que bassiste... (pensons à Jack Bruce...)
    Ensuite tu dis, point de rolling stones sans beatles, mais n'oublions pas, s'il vous plait, en bon fan de rolling stones que tu es, que point de "late beatles" sans rolling stones... Et puis bon, Wings, y'a du bon, du magnifique même, mais n'oublions pas l'album solo de lennon, plastic onno band, qui aurait peut-être été suivi de beaucoup d'autres sans un certain assasinat. C'est facile d'être le meilleur quand on est le seul...
    Enfin, et ce n'est pas peu dire, pourquoi donc des diaporamas? Je me suis toujours méfiée des shows agrémentés de vidéos. Une réelle bête de scène sait s'en passer, tel Bruce Springsteen et tant d'autres... Et puis la voix de Mc Cartney est certes très belle, mais ce n'est pas UNE voix. Cela reste une voix lisse, sans les originalités et aspérités propres aux grands chanteurs, BB King, Knopfler, Tom Waits, Antony, Rod Stewart, Johnny Winter, Lou Reed et autres...
    Bref, j'aurais adoré, je pense, être à ce concert, malheureusement trop cher pour moi (ce qui, en bonne gauchiste, me révolte, quand je vois d'autres artistes plus accessibles, bien que rares...), mais je pense, encore et toujours, que Lennon, autant que Mac Cartney(et je n'ai pas dit plus, bien que je le pense, hé hé...), faisait les Beatles, et que sa mort a bien arrangé les affaires du petit paul face à la prospérité, même si, bien évidement, il ne l'a pas souhaité.

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  6. zut, je ne comprends pas ce blog! Le commentaire précedent, c'est moi, marion!!

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  7. Hum...je persiste et je signe: Macca sinon rien.
    Je l'assume avec une mauvaise foi assez jouissive à vrai dire (mais tu sais bien que j'aime Lennon malgré tout).

    Bises

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  8. Salut
    Tu peux trouver l'intégrale de ce concert ici :

    CD 1 :http://www.sendspace.com/file/1z06ez
    CD 2 / http://www.sendspace.com/file/1w30ie

    Environ 110 Mo par CD, MP3 256 kbps.
    Mot de passe pour l'archive : monpetitchou

    C'est un menbre de YellowSub qui a posté le lien. Le son est de très bonne qualité pour un bootleg.

    A plus

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  9. Ok merci pour l'info et le lien ! A très vite...

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