dimanche 1 novembre 2009

Objet hybride et foutraque : la bande-son idéale pour Halloween



Dead Man’s Bones by Dead Man’s Bones (First Album)
Quand le Canadien Ryan Gosling, acteur de son état (vu chez Barbet Schroeder ou chez Nick Cassavetes dans l’indigeste The Notebook) rencontre l’Américain Zach Shields on obtient un disque incantatoire et fantomatique qui laisse perplexe autant qu’il fascine.
C’est un groupe étrange que ces Dead Man’s Bones au nom quelque peu lourdeau à faire fuir le premier acheteur. Heureusement pour nous le meilleur est à l’intérieur, certes pas toujours intéressant mais néanmoins assez plaisant pour obtenir l’adhésion. Ces deux cerveaux qui accomplissent à deux l’exécution de tous les instruments (notons d’ailleurs l’absence de guitare électrique) se sont adjoints dans leur laboratoire musical les services d’un chœur d’enfants. Choix plutôt incongru qui pourtant envoûte plus qu’il ne repousse.
Après une introduction légèrement longue qui laisse se développer les voix graves tout en écho des deux comparses (Dead Hearts) nous rentrons dans le vif du sujet avec In The Room Where you Sleep et ses accords d’orgues plaqués en avant sur un clap de main. Très vite, s’ajoute le murmure plaintif et inquiétant de Gosling et Shields. On ne sait pas trop où donner de la tête devant cette construction alambiquée : si les arrangements pourraient tomber dans le piège du trop plein et de la pièce montée il n’en est rien.
À partir de Buried In Water, le chœur fait son apparition. Ce qui surprend au premier abord finit par susciter la curiosité et l’envie d’aller plus loin : le piano martèle des accords plaqués, les percussions s’enivrent, la voix se fait plus lâche et le chœur résonne en contrepoint comme une farandole folle et inquiétante. Un manège fait de bric et de broc, mais très maitrisé.
Les influences : difficile, elles sont nombreuses mais restent peu appuyées. À part celles des Beach Boys et ce cerveau malade d’ingéniosité de Brian Wilson. Peut-être une dose de Joy Division dans le côté morbide. Ce que ne peut attester le climat sonore résolument tourné en territoire psychédélique. L’irrésistible My Body’s A Zombie For You enchante par sa mélodie très Motown avec ce son de caisse claire si caractéristique du genre. Pa Pa Power est peut-être moins réussi, lorgnant du côté de l’électro quand Paper Ships s’aventure en terrain acoustique, que n’aurait pas dénigré un Pete Doherty inspiré. Lose Your Soul met nos chérubins chanteurs en avant, auxquels s’ajoute la voix de Gosling. Mine de rien cette petite chanson toute en rupture s’impose comme l’une des plus belles pièces de cet album résolument lumineux.
Si la chanson éponyme est un peu surchargée en voix et autres arrangements Flowers Grow Out of my Grave confirme tout le bien que l’on pense d’eux et clôt l’album en beauté. Il subsiste de cette musique à l’insolente fulgurance mélodique, une créativité foutraque et imprévisible pas désagréable. Il semble donc difficile pour les Dead Man’s Bones de surpasser ce premier effort à moins de canaliser leur énergie au risque de tomber dans la répétition.

Benjamin Léon

2 commentaires:

  1. Salut Benjamin
    je découvre des trucs sympas sur votre blog, je serai donc lecteur assidu.
    A plus

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  2. Ok et bien c'est réciproque...tu as pas mal de pépites en stock toi aussi :)

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