dimanche 1 novembre 2009

Le retour du crooner ?



Truelove’s Gutter by Richard Hawley
« Depuis huit ans, Richard Hawley fait la plus belle musique du monde, mais il semble que peu de gens le sachent ».
Nicolas Ungemuth (Rock&Folk, novembre 2009)

Il n’a pas tort Nicolas Ungemuth. Mais les choses pourraient bien changer (ou pas) avec ce nouvel opus appelé à d’avantage de visibilité si l’on en croit la couverture critique dont il bénéficie. À vrai dire, de Richard Hawley je ne connais pas grand chose si ce n’est qu’il vient de Sheffield, la même ville que Jarvis Cocker le chanteur de Pulp et qu’ils sont par ailleurs amis de longue date.
Et puis il y a eu cet album magnifique sorti de nulle part il y a quatre ans : ce fameux Coles Corner, pochette à l’esthétique très fifties qui voyait notre songwriter le regard tourné au trois quart, bouquet de fleurs à la main devant l’entrée lumineuse d’un music hall. Pour ce dernier album il a choisi le noir. Un noir profond dont seul l’extrémité du visage appelle la lumière. Pourtant, entre ces deux disques on retrouve la même obsession pour les ambiances intimes, contrastées, parfois luxuriantes mais jamais pompeuse.
Et la musique dans tout ça ? La première écoute marque toujours l’empreinte d’un Scott Walker. La même voix de baryton qui ensorcelle son auditoire. Mais la comparaison s’arrête là. Hawley est davantage dans le clair-obscur comme en atteste une dernière fois sa pochette. Tout n’est que délicatesse, chuchotement et parfois déclamation contrôlée dans un univers d’une beauté surannée mais intemporelle.
Dès As the Dawn Breaks tout est dit : les cordes s’éveillent lentement et viennent parachever la voix intime et langoureuse de Hawley. Quelques accords de guitare et le reste fonctionne. La beauté des mots s’enchaîne sans heurts mais non sans frissons. Open Up your Door est plus classique avec son rythme chaloupé tout en nuance. Mais c’est surtout Remorse Code qui impressionne : les arpèges à la guitare acoustique marque durablement sans parler de cette voix. L’impression d’être là, dans la même pièce que lui. De ce point de vue la captation du son est admirable comme l’ensemble de la production de cet album. Il s’agit d’un véritable objet d’orfèvrerie. Don’t Get Hung Up In Your Soul est plus classique mais Soldier On touche par ses arrangements minimaliste et son humilité.
L’album se clôt sur un Don’t You Cry tout en douceur et en apesanteur. Et l’on se prend à fermer les yeux, à être dans l’ailleurs rêvé qu’appelle cette musique magnifique. Richard Hawley nous emmène loin du quotidien (quoique ses textes soient assez caractéristiques d’une forme de douleur) et transfigure par le chant le moindre moment et la moindre émotion. Laquelle atteint ici des sommets de puretés insensées.

Benjamin Léon

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire